Vigie bleue (poesiarevelada.com)
Vigie bleue
Signe net dans le ciel, la mouette rieuse plane sur la falaise, que du bleu, que des étoiles accrochées au ballet des brumes grises ! Les couleurs dansent sur le sable, battement miroitant entre les clapotis du fleuve et le feu chatoyant des mirages.
Soudain une voile surgit à l’horizon, nef chargée d’épices ? Esquif fantôme dérivant sur la mer ? Sombre prison ? Ô fragile cloison éparpillée sur des cartes imaginaires. Marins poètes livrés au fracas des vagues, leurs yeux noyés à déchiffrer le pic des cathédrales avec la mémoire pour seul abri.
Imprégnée de fraîcheur marine, la femme peintre ajoute une trace de blanc, fil ourlant son aigue-marine à l’entrée du chenal où veille la sirène, vigie bleue au bout de l’estuaire où s’échoue un phoque alangui, seul brille sur la dune nue le halo bleu d’une fleur myosotis, rescapée solitaire.
Doigts bleuis par le givre du matin, doigts savants accrochés au vent, doigts cherchant la fissure secrète, ô doigts fragiles, doigts magiques !
Vers les galets du bord, les vagues se succèdent, la pianiste étoile s’est posée sur la grève dans le roulis de ses arpèges et le son de l’instant vibrant.
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Récit poétique © Thierry Quintrie Lamothe
Paris, 2024